Ni fait, ni à faire.
Souffrance au travail.
Creation for Le Sample, Paris, 2022.
Written by Narimane Le Roux Dupeyron, Anne-Sophie Lehrmann, Cassandre Herpin, Syd Rey & Françoise Roche.
Produced by Compagnie Luciernaga.
« C’est ni fait ni à faire »
C’est ce « ni fait ni à faire » qui nous était renvoyé à l’examen d’un devoir bâclé, d’une tâche mal accomplie, d’un travail sans inspiration et pointait notre médiocrité. Ce « ni fait ni à faire » nous assurait de notre échec et de l’inanité d’une possible correction.
Autant dire : « ton travail n’existe pas ».
Nous sommes partis de ce postulat. Comment être reconnu, comment exister pris dans la tenaille de l’entreprise ?
Ça a été pour nous l’espace d’une exploration : c’est quoi le corps d’un individu façonné par l’entreprise à l’heure du néolibéralisme ? Qu’est-ce que le corps est en mesure d’accepter pour son travail ? Ses limites, son endurance, ses résistances… Entre injonction à la performance et vulnérabilité, dispositif de surveillance et bien-être au travail, instrumentalisation de l’autre et esprit d’équipe… c’est autour de plusieurs tensions que nous avons cherché à faire parler les corps, à faire s’entrechoquer les mots. (...)
« Alors il y a ceux qui dirigent
Et il y a l’ensemble des collaborateurs.
Il y a ceux qui sont chargés de la com.
Interne et externe.
Et ceux qui sont responsables du système d’information.
Là on a ceux qui s’occupent de la compta.
Il y a ceux qui sont chargés de l’innovation et du progrès.
Il y a ceux qui évaluent les compétences.
Ceux qui sont très autonomes dans leur travail.
Ceux qui ont une grande capacité à faire face aux imprévus.
Il y a ceux qui ont entre 24 et 35 ans, et les autres.
Il y a ceux qui font le sale boulot.
Il y a l’esprit d’équipe.
Il y a ceux qui sont cadres et ceux qui sont chargés du
recrutement.
Il y a ceux qui managent ceux qui ont été recrutés.
Et il y a les community manager.
Il y a ceux qui sont complètement sous l’eau et ceux qui
prennent des initiatives.
Il y a ceux qui sont chargés du bien-être en entreprises.
Et il y a les syndicats.
Et il y a ceux qui échangent et qui coopèrent.
Il y a les chasseurs de tête.
Il y a ceux qui ne lésinent pas sur les moyens.
Il y a les femmes de plus de 50 ans aussi.
Il y a les femmes cadres de plus de 50 ans.
Il y a les femmes sans emploi.
Il y a ceux qui s’occupent des ressources humaines et ceux qui se noient dans un verre d’eau, on les vire. Il y a ceux qui sont virés. Et ceux qui restent
Vous me direz il y a ceux qui sont morts et ceux qui restent [...] »