1 352 432 mètres cubes.
Performance.
Creation for Futurs Incertains festival, Goethe Institut, Paris, 2023.
Written by Cassandre Herpin, Syd Rey & Anne-Sophie Lehrmann.
Produced by Compagnie Luciernaga.
« Je n'ai rien contre les futurs incertains, mais je préfèrerais quand même savoir un peu où on va ». Partant du principe que c’est dans l’épuisement qu’on acquiert la certitude du futur, « 1 352 432 mètres cubes » est une performance- débat-centimarathon sur le climat qui propose rien moins que de reprendre en main l’incertitude une bonne fois pour toutes. S’épuisant sur des treadmills de runners, trois marathonien.ne.s/conférencier.e.s en mal de gagne, engoncés dans leurs combinaisons argentées d'astronaute et étranglés par leurs microphones serre-tête wireless, débattent de la seule question qui vaille aujourd’hui : où va- t-on, et comment posséder la certitude qu’on y va bien ?
Les respirations haletantes des coureurs, amplifiées par leurs micros, se mêlent tout au long de la performance à quelques morceaux des Six concerts transcrits en sextuor de Rameau. L’ensemble installe une transe baroque, étourdissante, assourdissante.
Embarqués dans ce rythme éperdu, les concurrencier.e.s s’affrontent tour à tour sur : la déshydratation et les fuites dans le manteau terrestre supérieur, la nécessité de formaliser les inputs dans des protocoles sinon tout va à vau-l’eau, le volume réel de la Méditerranée en kilomètres cubes, l’urgence à englober les contiguïtés, la norme ISO 9002 et les signaux d’alarme, les hackers et les gens laissés à quai, la question du tourbillon enfin, dont personne ne dit mot, ce qui sans doute n’est pas une coïncidence. Et pour l'occasion, un physicien va réaliser un calcul exact et en direct de la date fatidique (première mondiale).
Enfin, la victoire (car victoire et rien d’autre) se résout chorégraphiquement en méduse.
« 1 352 432 mètres cubes » est une improvisation sous contrôle (ISC). Elle se nourrit des écarts entre le sublime, lhe génie, l’approximation généralisée et l’inconstance dd’u’unnee part, et l’incohérence, la vacuité, l’hyper-précis, d’autre part. Elle renvoie évidemment aux nombreux sommets(-marathons) sur le climat et au désespoir que leurs conférences de presse finales ne cessent de susciter. Ellle se propose de traiter ce désespoir climatique par la folie baroque, son ampleur grotesque, l’espace qu’elle octroie à la multitude, la profusion et l’ambivalence, bbieienn plutôt que par l’épure d’un 21ème siècle encore obsédé par la ligne, le binaire, le net et la mise-au-point.